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Bibliothèque de l’administrateur (période 2 : 1878-1914) La genèse d’une science administrative des praticiens
LARHRA
Triangle

Objectif scientifique

En ce qui concerne la bibliothèque de l’administrateur sur la période 1880-1914, il s’agit de partir des publications destinées aux praticiens de l’administration. La frontière entre académie et pratique tend à se consolider à ce moment avec le développement de l’enseignement universitaire du droit public (Redor, 1999). Mais il existe des interfaces entre administration et université. Ce sont ces lieux de rencontres entre savants et praticiens qui nous intéressent ici en premier lieu, pour saisir la genèse d’une science administrative, genèse qui se développe sur plusieurs scènes, transnationale, nationale et locale.

Enquêtes et sources :

L’enquête à laquelle nous allons procéder reprend le même fil directeur que celui proposé pour la période précédente.

D’abord l’étude des périodiques et des manuels orientés vers l’action administrative. L’activité éditoriale en la matière s’intensifie au cours de cette période [1]. Plusieurs périodiques doivent toutefois être distingués : les périodiques de défense des fonctionnaires (avec souvent la volonté de s’adresser à l’ensemble des employés d’administrations), et les périodiques de transmission de savoirs qui cherchent à diffuser les bonnes pratiques. Des périodiques internationaux - comme les Archives internationales d’administration comparée créé en 1890 ou encore les publications de l’Institut international des sciences administratives après 1910 -, et des congrès internationaux se consacrent à la question de l’administration. À travers ces différents supports, une science pratique de l’administration est progressivement mise en forme. Cette science, qui vise à rendre compte des activités concrètes de l’administration pour mieux la perfectionner, se développe dans des arènes hybrides : revues administratives directement destinées aux administrateurs (des communes, départements ou administrations centrales), congrès bien souvent internationaux mêlant des praticiens et des universitaires, etc. À l’heure d’un renforcement des structures universitaires et d’une monopolisation par l’Université de la production des savoirs académiques, cette science administrative restera une science réformatrice en panne d’institutionnalisation universitaire..

Pour mieux étudier l’objectivation de ces savoirs administratifs dans leur contexte historique, il s’agit d’étudier les acteurs centraux qui les ont porté, de repérer leurs liens interpersonnels et inter-institutionnels, ainsi que leurs objectifs. Quelques hypothèses peuvent alors être avancées. Des recherches déjà entreprises sur le sujet permettent de voir quelques auteurs importants se dégager : Alfred des Cilleuls, Eugène Raiga, Maurice Félix tous chefs de division puis directeurs à la préfecture de la Seine ; Maurice Block (ministère de l’Agriculture puis académie des sciences morales et politiques), Léon Aucoc (membre du Conseil d’Etat) et enfin les fonctionnaires de la Direction des affaires départementales et communales : de Crisenoy, Morgand, Rabany [2]. Ce milieu administratif entretient des liens privilégiés avec des universitaires, notamment des entrants comme G. Jèze, et participe à l’élaboration de nouveaux savoirs administratifs bien souvent dans une perspective comparée. Nous voulons, à partir des comités de rédaction des revues d’administration, des listes d’auteurs des principaux manuels ou dictionnaires ainsi que des titulaires des chaires d’administration, reconstituer ce milieu ou ce monde administratif. L’ambition est de construire une base de données relationnelle afin de pouvoir en repérer les acteurs centraux et réellement mesurer les liens qui les unissent. Cette base sera constituée, pour cette période (fin dix-neuvième-début vingtième), dans les deux premières années du programme. Si les résultats sont probants, nous procéderons au même type d’enquête sur les deux autres moments.

Enfin, dans la continuité de la période précédente, nous nous intéresserons à quelques bibliothèques administratives pour observer sous un autre angle la constitution de ce corpus de textes destinés aux administrateurs. Si la bibliothèque de la ville de Grenoble sera à nouveau étudiée sur la période 1880-1914, deux autres bibliothèques départementales attireront également notre attention : la bibliothèque administrative du Rhône, étudiée à partir des archives départementales du Rhône et des archives nationales, et la bibliothèque administrative de la Préfecture de la Seine, étudiée à partir de ses propres archives. Au même moment, au plan national, un énorme effort est entrepris pour recenser et rassembler la documentation administrative [3]. Après avoir travaillé sur les entreprises locales, nous reviendrons donc sur la constitution de ce corpus rassemblé au niveau central.

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Grille d’analyse des opérations sur le corpus